Confronté aux autres, on devient soi-même.
Tu t'approches de toi par adhésion/distinction aux autres.
Cassons un mythe.
Tu n’as pas besoin de t’isoler en ermite là-haut, sur la montagne, dans un vieux chalet pour te lancer dans une hypothétique quête de soi.
Il n’en est rien.
Il n’y a pas de quête vers le flocon de neige originel et unique.
Et ça, pour une raison très simple :
Tu n’es pas un p***** flocon de neige, bordel !
Alors, je prends le relai et laisse-moi donc te dire les choses avec le moins de mots possible :
C’est en se confrontant aux autres que l’on devient soi-même.
Et, pas dans je ne sais quelle quête initiatique.
Pourquoi je te dis ça ?
Y a plusieurs raisons mais une est plus importante que les autres.
L’ignorance.
En effet, de base, nous n’avons aucune idée de ce que nous voulons alors, au lieu de ne rien vouloir, nous voulons tout.
Ainsi, fonctionne ta volonté.
Elle est incapable de se fixer de manière stricte. Pour ça, elle a besoin de savoir qu’elle est sur le bon chemin, le bon objectif, le bon objet …
Comment fait-elle ça ?
Elle regarde les autres, pardi !
En philo, c'est le désir mimétique cher à René Girard.
Du coup, comme nous ignorons ce que nous voulons, nous voulons ce que l’autre veut pour lui-même.
Et, inutile de te gifler pour ça.
Tu n’y es pour rien à la base : le mimétisme est ta voie la plus naturelle pour apprendre.
Rappelle-toi, enfant, quand tu imitais les grands.
Bah, t'as jamais cessé d'être enfant, en fait ^^
Par ailleurs, c'est un cadeau de l’évolution pour ta survie car, cela applique le raisonnement suivant :
Si c’est bon pour lui, pourquoi serait-ce mauvais pour toi ?
Et, a contrario, si c’est mauvais pour lui, pourquoi serait-ce bon pour toi ?
Ainsi, tu veux par mimétisme.
Après, je te rassure copier les autres, ne fait pas de toi l’autre. De la même manière que manger du poulet ne te transforme pas en poulet.
Seulement, il ne faut pas tomber dans le syndrome du perroquet
C’est quoi ça ?
Le perroquet répète des sons sans le sens.
Autrement dit, si un perroquet te dit :
J’ai compris.
En fait, il n’a rien compris.
Il a juste répété phonétiquement : JéKonPri
C’est le piège dans lequel tombent la plupart des gens :
Ils répètent sans le sens derrière.
Pour ça, ils sont trompés par le prestige, les lumières brillantes, les paillettes
…Tu sais, quand c’est génial de loin sans l’être de près.
Maintenant, copier, c’est pas automatique.
Et ce, pour deux raisons.
D’abord, tu peux vouloir mieux que les autres. Donc, prendre la voie identique aux autres, non pour avoir ce qu'ils ont mais, pour obtenir mieux.
L'autre raison.
Là, ça devient piquant :
Et si ce qui est bon pour les autres, est mauvais pour toi, tu fais quoi ?
En principe, tu vas éviter.
Dès lors, ta confrontation aux autres engendre deux choses soit adhésion soit distinction.
En effet, tout ne consiste pas seulement à adhérer à ce que font les autres. On vient de le voir. Ta singularité peut aussi vouloir t’en distinguer aussi.
Tu danses donc sur ces deux pieds : adhésion et distinction.
Pourquoi ?
Car un arrière-message tourne en boucle dans ta tête et ce message est :
Je vaux mieux qu’eux.
Et, pas la peine de nier ou gonfler ta mauvaise foi
Oui, tu peux rougir fort car c’est plus puissant que toi : ton cerveau est au commande ici.
En effet, ce dernier est incapable de traiter l’égalité.
Il ne dit jamais ça c’est équivalent à ça même si c’est différent.
Du moins, il est incapable de le faire sans que tu lui imposes un effort important pour ça.
Ton cerveau vit dans un monde où la grille de lecture se résume à :
Soit c’est bien ou mieux, soit c’est nul.
Il ne se prend pas la tête lui ^^
Ainsi, quand tu as cette confrontation aux autres, il va faire le calcul suivant :
Cela a l’air cool, je le veux (adhésion)
Cela a l’air con, je l’évite (distinction)
Ainsi, à force d’adhésion et de distinction aux autres, tu deviens toi-même en prenant ou en écartant les comportements, les valeurs, les normes ...des gens qui t’entourent.
Après, tu vas me dire :
Non, mais moi, je suis comme ça ! j’regarde pas ce que font les autres. Je suis libre. J’ai des fenêtres dans ma tête par lesquelles je m’échappe.
La réalité, éviter les autres, c’est aussi prendre les autres comme repère.
T’es donc aussi avec nous dans la barque.
Après, ce n’est (toujours) pas ta faute !
Ton cerveau est programmé pour ça.
Il est programmé pour penser aux autres, tout le temps. Que ce soit quand tu t’habilles, manges des lentilles ou bois un verre de Tropico
En effet, c’est le fruit d’années d’évolution où le groupe signifiait la survie sinon, la mort.
Le bannissement n’était pas une terrible punition pour rien.
T’imagines sinon ?
On te bannit, et c’est la joie : plus responsabilité, libéré, délivré ... les étoiles te tendent les bras.
Sauf que, ça ne se passe pas comme ça : bannissement veut dire que la communauté ne te protège plus.
Par exemple, chez les vikings, un banni pouvait être tué par quiconque sans risquer la prison. Autrement dit, plus aucune loi de la communauté ne le protége.
D’ailleurs, ton cerveau a même développé des émotions comme la culpabilité, la honte voire la tristesse pour te permettre de vivre et te maintenir en groupe avec les autres.
Mais là, je commence à m'égarer ^^
Que retenir vraiment ici ?
Copier ce que font les autres, ne fait pas de toi l’autre. De la même manière que manger du poulet ne te transforme pas en poulet
Tu fonctionnes par adhésion/distinction aux autres. Ainsi, la confrontation aux autres te rends de plus en plus toi-même : tu te sers de la palette des normes qu'ils te mettent à disposition pour sélectionner les tiennes. Un peu comme une pierre polie par érosion aux autres.
Voilà pour cette claque :)
Inscris-toi et rejoins +300 claqueurs avec une claque intellectuelle par jour directement dans ta boîte email ✉️