Y a pas longtemps, j’avais écrit ça :
Chacun dispose de sa propre méthode d’apprentissage. C’est à dire des chemins qu’il emprunte pour accéder à la connaissance.
Sous-entendu, chacun et chacune connait sa méthode préférée par laquelle il ou elle apprendra mieux. En principe, c’est la méthode qu’on aime.
Ça semble logique.
Si tu apprends une matière d’une manière que tu n’apprécies pas, tu l’apprendras moins bien que d’une manière que tu apprécies.
Normal, me diras-tu ?
Bah ...non.
J’avais tout faux ^^
Cela a été notamment mis en évidence par Harold Pashler, Mark McDaniel, Doug Rohrer et Robert Bjork dans leur étude Learning Styles: Concepts and Evidence
En vrai, tu ne sais pas comment apprendre.
Pourquoi ?
Parce que notre manière préférée d’apprendre n’a aucune incidence sur notre apprentissage.
Ce, pour deux raisons.
Première raison :
Ce que nous aimons n’est pas forcément ce pour quoi nous sommes performants.
C’est bête à dire et pourtant, c’est réel.
Tu peux aimer apprendre en débutant par un cas concret et, pourtant être plus performant en partant de la théorie.
Ou, l’inverse.
Ainsi, ta manière d’apprendre préférée peut ne pas être la manière efficace d’apprendre pour toi.
Deuxième raison et la plus importante de toute :
La matière est plus importante que toi.
En effet, ce qui compte en réalité, c’est que la matière ou discipline que tu apprends te soit transmise de la meilleure manière qui soit.
Pour ça, on s’en fiche que tu aies une manière préférée ou pas. Ce qui importe, c’est que la matière soit transmise, elle, de sa manière préférée.
Par exemple.
Imagine que tu aimes les podcasts.
Que le support auditif soit ta manière préférée d’apprendre.
Dis-moi comment tu veux apprendre les maths ainsi ? tu imagines apprendre la résolution d’une équation du 2nd degré comme ça ?
Ça risque d’être laborieux ^^
À présent, tu sais pourquoi il n’existe pas de podcast pour apprendre les maths. Juste des podcasts pour parler des maths.
La nuance est importante.
Du coup, le travail pédagogique consiste non pas à écouter les apprenants et apprenantes sur comment ils ou elles veulent apprendre mais, trouver la bonne manière pour transmettre un savoir.
Inutile donc de personnaliser les moyens.
Conclusion ici :
Ce n’est pas comment tu aimes apprendre qui compte, mais comment la matière aime être transmise.
Ceci dit, je dois tempérer mon propos.
En vrai, s’il n’existe pas de preuves solides sur l’efficacité de la méthode d’apprentissage préférée, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas l’adapter à certaines personnes.
En effet, si l’apprentissage ne s’adapte pas aux personnes, il s’adapte au moins à leur niveau d’expertise.
En d’autres termes, tu n’apprends pas de la même manière à des débutants qu’à des experts.
D’ailleurs, les techniques d'enseignement qui sont très efficaces avec des débutant peuvent même avoir des conséquences négatives lorsqu'elles sont utilisées avec des apprenants plus expérimentés.
C’est le phénomène d'effet d'inversion de l'expertise mis en évidence par Slava Kalyuga, Paul Ayres, Paul Chandler et John Sweller.
Ainsi, il s’avère que les novices apprennent mieux en étudiant des exemples, tandis que celles et ceux qui ont plus d'expertise apprennent mieux en résolvant eux-mêmes les problèmes.
Bref.
Si je résume tout :
Ta méthode préférée d’apprentissage n’est pas plus efficace qu’une autre méthode. Ce qui compte, c’est surtout la méthode avec laquelle on te transmet le savoir. La seule nuance ? ton niveau d’expertise car, on n’enseigne pas de la même manière selon le niveau d’expérience.
Voilà :)
C’était La Claque du jour.
J’ai voulu te la partager car, cela a renversé une pyramide dans ma tête. Je ne m’attendais pas à une telle conclusion. Surtout que j’avais affirmé le contraire y a quelques années.
Après, y a une bonne nouvelle là-dedans.
Ça veut dire qu’il est inutile de développer une manière de transmettre unique pour chacun d’entre nous.
Tu imagines ?
Vous êtes 406 dans cette petite newsletter.
Ça voudrait dire que j’aurais dû trouver 406 manières différentes de transmettre mes idées. J’étais pas sortie de la semoule ^^
Le défi est ailleurs.
Il est de trouver la bonne manière de te transmettre ce que je sais.
Surtout à l’écrit.
Y a une méthode universelle pour ça mais, on en parlera une autre fois :)
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